Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
La période de grossesse et le post-partum sont associées à des bouleversements de la vie psychique. Chez les patientes souffrant d’une addiction à l’alcool, ces bouleversements sont plus marqués ce qui rend les patientes plus vulnérables à des troubles psychiques. Comprendre les éléments psychologiques associées à la grossesse chez les femmes souffrant d’addiction, et au diagnostic éventuel chez leur enfant de troubles du développement liés à cette addiction, est important pour améliorer leur prise en charge.
La grossesse (chez toutes les femmes, surtout primipares) est une période de remaniement psychique avec retour aux conflits anciens. En effet elle est une nouvelle étape dans l’histoire familiale de la femme avec un lien avec sa propre enfance et la relation à sa propre mère.
Cette période de changement peut être vécue comme un état de vulnérabilité par la femme enceinte.
En cas de problème d’alcool, cette étape est d’autant plus difficile que la relation à la propre mère est souvent conflictuelle - les femmes alcoolodépendantes ont fréquemment connu des violences familiales : abus sexuel (20 à 84%), environnement familial instable, abandon, décès d’un frère ou d’une sœur plus ou moins entouré de secret… Ces difficultés relationnelles et sociales sont à l’origine d’une blessure narcissique favorisant la survenue d’addictions.
L’addiction à l’alcool est une des causes et des conséquences d’un trouble de la relation au corps, d’autant plus si ce corps a été violenté. L’alcool est aussi utilisé comme anxiolytique y compris face aux soignants.
Il est dominé par la honte : les personnes alcoolodépendantes sont socialement stigmatisées, d’autant plus si elles sont des femmes, ce qui explique le tabou de la consommation alcoolique.
Cette stigmatisation s’accompagne, beaucoup plus que chez les hommes, d’une image de femme incapable d’assumer une maternité. Les enfants dont la mère est alcoolodépendante sont plus souvent placés que ceux dont le père souffre de cette addiction.
Il existe donc une triple culpabilité : l’addiction en elle-même, le fait d’être responsable du handicap de son enfant et le soupçon social d’incompétence maternelle. Cette culpabilité parfois envahissante peut empêcher les patientes de parler de leur consommation d’alcool aux soignants ou les amener à la nier, y compris si leur bébé est atteint de troubles liés à l’alcoolisation fœtale (avec rarement, un déni complet pour la pathologie de l’enfant).
Est également à prendre en compte, la possibilité chez certaines femmes d’être elles-mêmes atteintes de troubles causés par l’alcoolisation fœtale, pouvant altérer leur gestion des émotions.
Deux axes majeurs – beaucoup dépister et bien orienter, à trois moments-clés pour les médecins généralistes :
A tout moment, une psychothérapie doit être proposée à ces patientes.
Un suivi pédiatrique rapproché, axé notamment sur le développement psycho-comportemental, est nécessaire pour l’enfant : le diagnostic précoce (avant 6 ans) d’un trouble causé par l’alcoolisation fœtale est un des facteurs de prévention des déficiences secondaires (ainsi, entre autres, que la stabilité de l’environnement social et familial).
Une ALD peut être demandée.
Les auteurs exposent pour finir plusieurs dispositifs thérapeutiques pouvant être proposées aux des femmes enceintes et des jeunes mères :
Ce rôle est tenu en premier lieu par les médecins généralistes, gynécologues de ville et sages-femmes qui accompagnent les femmes des débuts de la vie sexuelle à la parentalité.
Cet article est intéressant pour les médecins généralistes qui sont tout à fait concernés par ce problème. L´un de ses points forts est d´être tout à fait compréhensible par le profane et étayé par une riche bibliographie pour qui souhaite en savoir plus.
Il met en exergu l’importance d’une recherche bienveillante des addictions chez les femmes en périnatalité, afin de les orienter vers les structures adaptées, étant donnée leur particulière fragilité psychique à cette période.
De plus, l´enseignement de la psychologie étant rare en faculté de médecine, la lecture de cet article permet de se former dans une discipline peu étudiée, et de découvrir le point de vue d’un autre professionnel sur une situation pathologique donnée.
Le principal point négatif est l´absence de mention du rôle du père : il s´agit d´un choix délibéré des auteurs, pour simplifier le propos et concentrer leur problématique. Toutefois, l´on peut déplorer ce parti pris tant la présence et l´attitude du père sont de première importance dans ce genre de situation.
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