Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
La médecine libérale est en pleine réinvention, comme le montre l’intérêt croissant pour les maisons de santé pluridisciplinaires, actuellement au nombre de 600 en France.
La réflexion autour de ce nouveau mode d’exercice soulève quelques questions :
- Tout d’abord du côté des médecins libéraux, formés à une pratique solitaire depuis plusieurs années, rendant difficile un changement d’habitude ainsi que l’acceptation du regard des autres sur leur pratique.
- Enfin du côté des autorités de santé et de l’Assurance maladie, souvent en retard sur les innovations des soignants. Le manque de confiance à l’égard des libéraux et la multiplication des plans de santé nationaux, basés sur l’imposition de changement, ne favorisent pas l’entente mutuelle.
La jeune génération, qui semble plus sensibilisée à une conciliation entre vie professionnelle et vie privée, est celle qui adhère le mieux à cette redéfinition des pratiques.
C’est pourquoi, Didier Ménard, médecin généraliste exerçant à St Denis et président de la fédération des maisons et pôle de santé d’ile de France (FEMASIF), définit ce changement d’exercice comme « une révolution culturelle des soins primaires ».
- Le parcours de santé a été modifié par l’avancée des techniques. Des pathologies anciennement mortelles sont devenues chroniques, conduisant à l’accumulation de comorbidités. Au cours de ce parcours de soins l’intervention de plusieurs professionnels de santé est nécessaire.
Le travail en équipe pluridisciplinaire permet de centraliser la prise en charge et stabilise l’offre de soins.
-Le regroupement en maison de santé répond à un besoin d’organisation des professionnels de santé, améliorant la qualité et le confort de travail.
1- L’informatisation des dossiers est un élément fondamental, le logiciel médical partagé permettant :
-l’accessibilité des informations aux professionnels de santé que le patient est amené à rencontrer au cours de son parcours de soins
- le partage d’information, en accord avec le secret médical (logiciel labélisé)
-la mise à disposition des données à l’assurance maladie, améliorant ainsi la lisibilité de nos pratiques (le remboursement ne reflétant pas notre activité de soins primaires)
La mise en place d’un logiciel médical nécessite la formation informatique de tous les utilisateurs. Celle-ci est indispensable non seulement pour pouvoir s’en servir mais aussi pour harmoniser son utilisation à l’ensemble des intervenants (par exemple pour le recueil de données essentielles, la mise en place une grille diagnostique commune, et la mise en place d’alertes informatiques de relance dans le cadre du dépistage et de la prévention).
2- Un autre élément fondateur des MSP est la mise en place de protocoles communs simples et adaptés aux pratiques quotidiennes. Cela permet une meilleure circulation des informations et une harmonisation des conduites à tenir.
3- La création d’une MSP nécessite le développement de projet de santé publique (par exemple : vaccination contre la grippe) ainsi que l’élaboration d’un projet de santé commun, ciblé sur une population ou pathologie particulièrement représentées sur le territoire choisi (par exemple : prise en charge de l’obésité, avec développement de partenariat associatif, atelier culinaire, atelier d’exercice physique…).
-La tarification à l’acte semble peu adaptée à ce nouveau mode d’exercice. Le mode de règlement devrait être rediscuté avec les professionnels de santé, les patients et leurs représentants ainsi que les autorités de santé.
-Le financement des maisons de santé, reste difficile à pérenniser. Ainsi une coopérative « Facilimed » a été créé pour aider à diagnostiquer les besoins des structures et trouver les dispositifs pour y répondre.
-Il existe également les NMR (nouveaux modes de rémunération) qui permettent aux MSP de financer un projet de santé. Les dépenses sont fléchées et contrôlées, elles servent par exemple à financer un emploi de secrétariat ou de coordinateur ou un logiciel informatique).
Cette nouvelle organisation implique que les soignants soient concentrés principalement sur leur activité de soin. Ainsi certains domaines doivent être délégués à de nouvelles professions comme le domaine administratif, l’organisation des soins, la coordination du parcours de soin, le montage et le suivi des projets (en développant par exemple un poste de médiateur en santé).
Autant du point de vue du patient que celui du praticien, le mode d’exercice isolé ne semble plus adapté aux besoins actuels. En témoigne, l’intérêt des jeunes médecins généralistes pour les MSP. Cependant cette nouvelle manière d’exercer pose encore quelques difficultés, surtout pour les médecins libéraux installés seuls depuis longtemps et pour les autorités de santé.
La florescence des MSP nécessite une réévaluation du système de santé actuel (en particulier du mode de rémunération) et une prise de conscience des enjeux liés au vieillissement de la population, aux pathologies chroniques, au déficit de médecins généralistes sur le territoire et à l’évolution des modes de vie (conciliation avec la vie personnelle).
Cet article est dans le vif du sujet actuel. La création des maisons et pôles de santé ne semble qu’à ses débuts, et cela semble logique car elle répond au fameux « virage ambulatoire » demandé par les autorités de santé. Elle favorise enfin le regroupement des professionnels de santé et la pluridisciplinarité plébiscités depuis le début de nos études (et peu retrouvé en réalité au cours de notre formation, lors de nos stages en ambulatoire).
Ce nouveau mode d’exercice risque de changer nos pratiques mais aussi nos relations avec les autres professionnels de santé en favorisant une installation et des pratiques communes.
Cela amène aussi à réfléchir sur le mode de rémunération des pratiques et sur l’implication du médecin dans le domaine administratif et organisationnel, sujet d’actualité dans le cadre du projet de loi de modernisation du système de santé.
En tant que jeune médecin généraliste, je me sens impliquée dans cette « révolution » et je souhaite de faire d’un tel projet de soin, mon projet professionnel.
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