Hypertension artérielle: quelle cible optimale, avec quel délai, pour quel bénéfice? Etude de cohorte.
Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant
du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE
DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la
REVUE DE PRESSE du DMG.
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Résumé de l'article
Introduction
L'hypertension artérielle est le facteur de risque cardiovasculaire le plus fréquent. Le seuil de tension à partir duquel on obtient un bénéfice clinique à traiter n'est pas clairement établi et les recommandations divergent. Le délai optimal pour intensifier un traitement devant une tension élevée n'est pas connu. Cette étude de cohorte rétrospective a étudié le seuil de tension systolique d'intensification, le délai avant une intensification et le délai de suivi associés au risque le plus faible d'évènements cardiovasculaire ou de décès.
Méthodes
La source de données était le Health Improvement Network, une base de données de consultation représentative des cabinets de médecine générale aux Royaume-Uni.
Les patients inclus étaient les adultes de plus de 18 ans avec nu diagnostic d'hypertension et un traitement antihypertenseur, entre 1986 et 2010.
Différentes stratégies de traitement étaient définies, pendant une période de suivi de 10 ans :
- Le seuil minimal d'intensification était défini comme la mesure minimale de tension systolique, arrondie aux 10 mmHg inférieurs, à partir de laquelle le praticien décidait d'ajouter un traitement antihypertenseur ou d'augmenter les doses d'un traitement préexistant.
- Le délai avant intensification était défini comme la durée entre une consultation où la tension était supérieure au seuil minimal d'intensification et une consultation suivante où le traitement était intensifié.
- Le délai de suivi était défini comme la durée entre une intensification de traitement et une consultation suivante où une tension artérielle était mesurée.
Le critère de jugement était un critère composite : taux d'événements cardiovasculaires ou décès toutes causes. Il était évalué avec ces différentes stratégies de traitement. Il était ajusté pour l'âge, le sexe, le tabagisme, la précarité socioéconomique, un antécédent de diabète, de maladie cardiovasculaire ou de maladie rénale chronique, l'index de comorbidité de Charlson, l'indice de masse corporelle, le taux de possession de médicaments et la tension artérielle de base.
Résultats
- 88756 patients ont été inclus.
- 9985 (11,3%) ont eu un événement cardiovasculaire ou sont décédés.
- Les seuils minimaux d'intensification de 160 mmHg ou plus étaient associés à un risque progressif d'événement cardiovasculaire ou décès. Par exemple, pour le seuil de 160 mmHg comparé au seuil de 140 mmHg : hazard ratio 1,21 (IC95% : 1,13 – 1,30), p < 0,001.
- Le risque augmentait en fonction du délai avant intensification. Par exemple, pour un délai entre 1,4 et 4,7 mois comparé à un délai < 1,4 mois : hazard ratio 1,12 (IC95% : 1,05 – 1,20), p = 0,009.
- Le risque augmentait lorsque le délai de suivi était élevé. Par exemple, pour un délai de suivi > 2,7 mois : hazard ratio 1,18 (IC 95% 1,11 – 1,25) ; p < 0,001.
Conclusion
Un seuil minimal d'intervention de plus de 150 mmHg, un délai avant intensification supérieur à 1,4 mois et un délai de suivi supérieur à 2,7 mois sont chacun associés à un plus grand risque d'événement cardiovasculaire ou de décès. Chez les patients hypertendus, l'atteinte rapide des objectifs thérapeutiques et un suivi régulier sont des facteurs importants pour minimiser le risque d'évènements cardiovasculaire ou de décès.
Commentaire
Cette étude démontre que le seuil de 160 mmHg est un seuil d’intensification de traitement acceptable. Entre 140 et 149 mmHg, le bénéfice clinique ne semble pas évident. Entre 150 et 159 mmHg, on ne peut pas exclure un faible bénéfice clinique que l’étude n’aurait pas pu démontrer, faute de puissance statistique.
Cette étude souligne l’importance d’un traitement rapide de l’hypertension : il faut intensifier le traitement antihypertenseur dès que la tension est supérieure à l’objectif.
Cette étude montre enfin la nécessité du suivi des patients hypertendus : un contrôle à un ou deux mois après modification d’un traitement semble apporter un bénéfice clinique.
Il n’est pas évoqué dans cette étude l’apport possible de l’automesure à domicile. On pourrait le proposer dans le suivi de la tension artérielle.
- auteur du résumé:Emmanuel Prothon (Etudiant(e) au DMG PARIS DIDEROT)
- date de rédaction:10/02/2015
- date de validation:10/02/2015
- Mots cles:
- hypertension
- antihypertenseurs
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