DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Quels sont les risques sur la santé du travail de nuit ou posté?

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Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

Introduction

Actuellement, il n’existe pas en France de pathologie professionnelle officiellement en rapport avec le travail posté ou de nuit. On appelle travail de nuit tout travail accompli entre 21 heures et 6 heures. Sur le plan épidémiologique, le travail posté et le travail de nuit sont en forte progression depuis quelques années et concernent de plus en plus de femmes. En France, 15,2 % des salariés travaillent de nuit, soit 3,5 millions de travailleurs salariés, auxquels il faut ajouter les travailleurs non salariés de nuit et les travailleurs postés sans horaires de nuit, soit probablement plus de 8 millions de travailleurs .

Risques certains
Perturbation du sommeil, trouble de la vigilance et augmentation du risque accidentel

Le temps de sommeil total varie avec l’âge, passant de 18 heures par 24 heures chez les nourrissons à 7 heures en moyenne par 24 heures chez l’adulte. On s’accorde pour parler de « privation de sommeil » en dessous de 6 heures de sommeil par 24 heures. On observe chez les salariés en travail posté ou de nuit, une diminution moyenne du temps de sommeil total de l’ordre de 1 à 2 heures par 24 heures aboutissant, avec le temps, à une privation chronique de sommeil et à une augmentation du risque de somnolence chez ces travailleurs durant la période d’éveil. Les perturbations du sommeil et de la vigilance chez ces travailleurs sont associées à une augmentation des risques d’accidents. Il s’agit à la fois d’accidents du travail et d’accidents de la circulation. Ces derniers sont plus importants lors du trajet à l’aller avant un poste du matin et lors du trajet de retour après un poste de nuit.

Cancer du sein

Le travail posté entraînant une dérégulation circadienne est probablement cancérogène pour l’homme. Les résultats positifs de six études épidémiologiques sur huit montrent une augmentation modérée du risque de cancer du sein chez les travailleuses postées de nuit. Depuis 2007, le Danemark permet la reconnaissance de ces cancers comme maladie professionnelle et leur indemnisation chez les femmes qui ont travaillé de nuit ou en horaires postés pendant plus de 10 ans. En effet, la privation et la déstructuration du sommeil perturbent le système immunitaire, inflammatoire et endocrinien. Le risque relatif est proche de 1,5 et augmente avec la durée d’exposition sans seuil critique connu.

Grossesse

Le code du travail stipule que la salariée enceinte ou ayant accouché et qui travaille de nuit est affectée sur sa demande à un poste de jour pour toute la durée de sa grossesse et pendant son congé postnatal. Ce dispositif réglementaire est largement soutenu par les différentes données disponibles dans la littérature médicale qui confirment une association significative entre le travail posté ou de nuit et certains risques pour la grossesse (avortements spontanés, accouchements prématurés et retard de croissance intra-utérin), dont la patiente doit être informée.

Risque cardiovasculaire et métabolique

La prévalence de certains facteurs de risque cardiovasculaire et facteurs prédisposants connus (obésité, hypertension artérielle et perturbations du bilan lipidique) est augmentée chez les travailleurs postés ou de nuit.

Risques mal connus
Insomnie et perturbations psychiques

Il est très difficile de confirmer par la littérature scientifique une association entre insomnie et travail de nuit et/ou posté. Les rares études existantes ne s’appuient pas toujours sur une définition précise de l’insomnie et sont de faible qualité méthodologique. De même, l’analyse des données disponibles dans les publications suggère que les travailleurs postés ou de nuit seraient plus sujets à la dépression et/ou l’anxiété. Mais, là encore, des études complémentaires restent à mener pour établir une relation significative.

Autres cancers

Si les résultats des études sur le cancer de la prostate et le cancer colorectal suggèrent une augmentation modérée du risque lors du travail posté ou de nuit, leur nombre reste encore trop faible pour conclure.

Perturbations digestives

Une revue systématique suédoise de la littérature s’est intéressée à l’association entre travail posté et troubles digestifs. Certaines études répertoriées montrent une association positive entre travail posté et troubles gastro-intestinaux au sens large et notamment : l’ulcère peptique, les troubles fonctionnels intestinaux, le reflux gastro-œsophagien, les maladies digestives inflammatoires chroniques et les cancers digestifs. Cependant, les études disponibles sur ce sujet prennent souvent mal en compte les facteurs de confusion.

Prévention
Par le médecin
Par le patient
Conclusion

En cas d’apparition d’une pathologie fortement liée aux horaires atypiques de travail, le rôle du médecin du travail est primordial. Pour le praticien, même en l’absence de tableau de maladie professionnelle existant, il est toujours possible d’effectuer une déclaration de maladie à caractère professionnel.


Commentaire

Article de la Revue du Praticien clair, informatif et bien documenté sur le sur-risque médical des patients travaillant de nuit ou postés, m´ayant apporté des connaissances nouvelles. Il souligne l´importance du médecin traitant et du médecin du travail pour le suivi rigoureux de ces travailleurs.


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