Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
Le néfopam est un antalgique difficilement classable dans les sous-catégories des antalgiques de l’OMS. Il possède l’AMM dans le traitement symptomatique des affections douloureuses aiguës, notamment des douleurs post-opératoires.
Il est autorisé en France par voie orale et injectable, mais il n’existe à ce jour sur le marché qu’une forme injectable (en IV ou en IM), de ce fait il existe une pratique détournée très courante d’utilisation per os de la forme injectable.
Cet article rapporte les résultats d’une méta-analyse, basée sur les recherches du réseau Cochrane, afin de faire l’état des différents essais menés sur l’efficacité du néfopam depuis les années 1970, et pose ainsi la question de la balance bénéfices-risques du néfopam par voie injectable dans les douleurs aiguës postopératoires et, hors AMM, par voie orale dans les douleurs aiguës ou chroniques.
L’évaluation du néfopam dans les douleurs aiguës post-opératoires repose sur quelques essais, pour certains très anciens, versus placebo, seul ou en ajout à un opioïde, ainsi que des essais versus AINS. L’effet antalgique mesuré est relativement modeste dans la plupart des études , études de faible niveau de preuves qui plus est, en raison d’une qualité méthodologique des essais incertaine.
Dans les douleurs chroniques, le néfopam par voie orale n’a été évalué que par des essais comparatifs de petite taille, anciens et de qualité méthodologique incertaine. Selon ces essais, l’effet antalgique du néfopam ne semble pas supérieur à celui des AINS.
En pratique, à ce jour, l’efficacité antalgique du néfopam par voie injectable ou orale est jugée probable, peu intense, grâce à des études de faible puissance. Au contraire, ses effets indésirables sont parfois graves, avec un potentiel de dépendance. Au total, sa balance bénéfices-risques est incertaine et n’apparaît pas plus favorable que celle d’autres antalgiques pour lesquels des études plus performantes existent.
La Revue Prescrire recommande une utilisation exceptionnelle du néfopam, chez des patients informés de la nature expérimentale de cette utilisation.
Fréquemment utilisé aux urgences notamment, le néfopam doit être délaissé au profit d’autres antalgiques plus fiables.
Lorsqu’il est prescrit per os, le néfopam est traditionnellement associé à un sucre en raison d’une amertume prononcée, cependant, on rappelle que c’est uniquement la forme en comprimé (non commercialisée en France mais dans d’autres pays comme la Belgique) qui possède l’AMM, et non cette pratique, certes courante, mais non validée.
Cet article rappelle aussi que le néfopam n’a pas sa place (et pas d’indication selon l’AMM) dans le traitement des douleurs chroniques.
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