DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Comment dépister le cancer du poumon?

Dépistage des cancers du poumon, trop d'incertitudes même chez les fumeurs ; La revue prescrire, octobre 2013, tome 33 n°360.



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

INTRODUCTION

Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer dans le monde. Le diagnostic est posé dans 3 cas sur 4 à un stade avancé ou stade métastatique quand le traitement curatif n'est plus envisageable. Près de 90 % de ces patients sont fumeurs ou anciens fumeurs. Un dépistage de cette pathologie est à envisager devant la fréquence de cette maladie, l'existence de traitements précoces ou encore l'existence d'une population à risque. Cet article s’intéresse à l'évaluation des moyens de dépistage du cancer du poumon disponibles actuellement.

LA RADIOGRAPHIE PULMONAIRE :

Une méta-analyse de 7 essais comparatifs totalisant 245 600 patients fumeurs ou non fumeurs n'a pas montré de diminution statistiquement significative de la mortalité par cancer du poumon chez les personnes dépistées par radiographie pulmonaire.

Une autre méta-analyse de quatre essais comparant un dépistage « intensif » par radiographie pulmonaire versus un dépistage moins intensif a montré une augmentation relative de 11% de la mortalité par cancer du poumon dans le groupe intensif. Ceci pourrait être lié à l'effet des radiations ionisantes et les effets délétères des traitements agressifs réalisés sur des tumeurs précoces.

Enfin un dernier essai randomisé dit PLCO n'a pas montré non plus de d'effet statistiquement significatif avec près de 16% des patients ayant eu un dépistage faux positif.

En conclusion, il est déconseillé de réaliser une radiographie pulmonaire dans le cadre du dépistage du cancer du poumon.

LE SCANNER THORACIQUE FAIBLE DOSE :

L'essai NLST réalisé aux Etats-Unis (53 454 participants avec réalisation de 3 scanners faible dose versus 3 radiographies) a montré une réduction de 20% du risque de mourir d'un cancer du poumon ( p=0.004 pour le critère de jugement principal).

Les trois autres essais étudiés dans l'article (essai Dante, Dlsct et MILD) n'ont pas montré d'effet sur la mortalité mais ont été réalisés sur des échantillons beaucoup plus faibles et donc la puissance statistique est insuffisante pour exclure un effet de dépistage.

Enfin, le scanner faible dose expose à un risque élevé de faux positifs (risque à 20%).

DISCUSSION :

La découverte d'un nodule pulmonaire mène parfois à des explorations invasives qui peuvent se compliquées alors que la lésion est bénigne. On définit un diagnostic par excès d'un cancer quand le dépistage aboutit au diagnostic d'une tumeur cancéreuse qui n'aurait jamais été symptomatique.

De plus, le dépistage répété par des examens irradiants (radiographie ou scanner) pourrait entraîner l'apparition de cancers radio induits.

Grâce à ces résultats, plusieurs guides de pratiques cliniques ont été élaborés suite à l'essai NLST avec des recommandations plutôt favorables à l'utilisation du scanner.

En conclusion de cet article, l'utilisation de la radiographie pulmonaire dans le dépistage du cancer du poumon n'est pas recommandée. Concernant le scanner thoracique faible dose, on manque actuellement d’éléments pour cerner la balance benefice-risque.


Commentaire

Cet article semble interessant en médecine générale car devant un patient fumeur, nous sommes parfois amenés à prescrire une imagerie pulmonaire pour une pathologie, cela permet de bien connaître le raisonnement quand à l'utilité de l'examen choisi dans le cadre du dépistage du cancer. Cet article apporte également des informations en terme de statistique, éléments utiles lorsque nous sommes confrontés à un résultat d'examen anormal et nous permet ainsi d'apporter une meilleure information au patient. Il apparait clairement que le scanner low dose permet de trouver des cancers à un stade précoce, avec beaucoup de faux positifs et leurs conséquence medico psychologique et de sauver quelques vies.L'étude n'est pas terminée , et cette piste mérite d'etre poursuivi étant donné l'ampleur du problème des cancers bronchiques. Il n'est pas licite d'utiliser au jour d'aujourd'hui ce dépistage en soins primaires.

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