Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
L’infection à Clostridium Difficile (ICD) est liée à des perturbations de la flore microbienne intestinale. Ce microbiote intestinal joue plusieurs rôles notamment dans la protection contre l’invasion par des agents pathogènes. L’utilisation d’antibiotiques à large spectre altère la balance de la flore digestive et permet aux souches de C. difficile d’infecter le tractus digestif.
Le traitement de l’ICD repose sur une thérapie par métronidazole ou vancomycine, mais 35% des patients ont une récurrence des symptômes et 65% d’entre eux développe une forme d’infection récurrente. Le traitement de ces formes récurrentes a des résultats mitigés. Une alternative à la thérapie antibiotique standard est l’utilisation de micro-organismes intestinaux provenant d’un donneur sain à partir de l’infusion d’une suspension liquide de selles, pour restaurer la flore digestive du sujet malade.
Les premières documentations à ce sujet datent de 1958, depuis, la méthode a été testée sur un certain nombre de patients tout autour du monde. La bactériothérapie fécale a également été testée dans les colites pseudo-membraneuses dues à la toxine de C. difficile, certaines maladies inflammatoires de l’intestin et le syndrome du colon irritable. Il n’existe aucune revue systématique de la littérature sur le sujet, l’objectif de cet article est donc de résumer la littérature existante afin d’orienter les investigations futures.
Revue systématique dans les bases Medline, Embase et Biosis avec Ovid jusqu’au 15 avril 2011. Inclusion de toutes les publications comportant des données sur l’administration de selles d’un donneur sain vers un patient malade dans le traitement des infections à Clostridium difficile (ICD) et des colites pseudo-membraneuses.Extraction des données par deux relecteurs indépendants. Définition a priori des critères de jugement pour standardiser le recueil de données.
2054 articles, 66 sélectionnés : 28 observations incluses dans l’analyse finale.
2/3 de séries de cas, 1/3 de case-report isolés.317 cas dans 8 pays. Moyenne d'âge 53 ans (2-95 ans), dont 39% d’hommes.
66% de donneur apparenté
35% d´administration par lavement, 23% par gastroscope ou sonde nasojejunale, autres (colonoscope, sonde rectale).
71% au moins 200mL de préparation (de 25 à 1500mL).
50% ont eu une seule administration (de 1 à 48 administrations !).
62% de suspension préparée à base de sérum salé,autres préparations à base d´eau, de lait, de yaourt...
Tous les patients avaient eu une antibiothérapie en première intention avant le traitement.
92% de guérison dont 89% après un traitement simple. 4% de rechute après traitement.
Donneur apparenté (famille mari/femme) semble donner un meilleur taux de guérison : 93% vs 84%.
Donneur masculin moins de guérison mais aucune rechute par rapport à un donneur feminin (84% vs 100% avec 8% de rechute).
Solution préparée à base d´eau : 98,5% de résolution, 86% pour les solutions à base de sérum salé mais moins de rechute (8% vs 3%).
Guérison meilleure avec augmentation du volume d’infusion : 97% si >500mL, 80% si <200mL.
Peu de différence si quantité de selle plus importante utilisée pour la préparation.
Chez patient ayant eu 2e traitement à cause d´une rechute ou d´un échec : 87,5% de résolution (14/16 patients).
30 décès dont 3 attribués à l´ICD, soit 1% de tous les patients
Effets secondaires : hémorragie digestive haute, symptômes de type syndrome du colon irritable, constipation.
L'étude de 317 patients issus de 27 rapports de cas suggèrent que la bactériothérapie fécale est un traitement très efficace en cas d’échec des traitements classiques dans les ICD.
Efficacité 92% dont 89% après un traitement simple.
L’administration par voie haute semble moins efficace, et l’utilisation de selles d’un donneur apparenté semble plus efficace.
Les préparations à base d'eau semblent plus efficace mais avec plus de rechute (mais données issues que d’une seule étude).
Le nombre d’administrations ne semble pas avoir d’impact sur le résultat.
Le recueil des données sur les différentes variables est très aléatoire selon les études d’où l´intérêt d´avoir défini les critères de jugement avant analyse.
Données manquantes : 21% pour les traitements administrés avant bactériothérapie fécale, 10% sur le volume de suspension et nombre d’infusion.
Certains patients ont eu un autre traitement (ex antibiothérapie) juste avant la bactériothérapie fécale donc c´est difficile d´en déterminer l´effet isolé.
Existence d´une grande hétérogénéité de la population traitée et d´une grande variablité dans le recueil des données ce qui n’a pas permis d’utiliser les méthodes habituelles de regroupement et comparaison de telles données ce qui donne des résultats purement descriptifs.
Possible biais de sélection : les cas de succès de la technique sont plus susceptible d´être publiés que les échecs.
Malgré certaines limites cet article suggère que la bactériothérapie fécale est une technique hautement efficace et sans risque pour le traitement des ICD.
Néanmoins des essais contrôlés randomisés sont nécessaires pour confirmer cette efficacité et affiner les procédures d´administration.
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