Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
L'évolution habituelle de la courbe de CD4 chez les personnes porteuses du VIH se fait en trois temps: une rapide chute du taux de CD4 après la date de l'infection, puis une restauration immunitaire transitoire, suivie d'une nouvelle chute, cette fois plus lente et étalée sur des mois.
Les auteurs de ce travail se sont d'abord posé deux questions: quel est le délai moyen de la restauration immunitaire transitoire après la date estimée de l'infection, quel est le nombre normal de CD4 chez l'adulte sain. Les données sur ces deux questions ne sont pas très nombreuses. Ils y ont répondu par l'analyse de la littérature, et pour la première, par une analyse des données observées chez 384 patients non traités précocément de la cohorte de San Diego (une cohorte de patients ayant présenté une primo infection, suivis depuis 1999). Parmi les patients non traités précocément de cette cohorte, ils ont déterminé qu'il existait un pic de CD4 au quatrième mois à 763 [IQR 573-987], pour des CD4 à l'entrée dans l'étude de 495 en médiane [IQR 383-622]. Après ce pic, les CD4 déclinent progressivement durant les 48 mois de l'étude, retournant au point de départ entre le 12e et le 14e mois. Parallèlement à ce pic de CD4 et à cette baisse précoce, la charge virale atteint son nadir vers la 4e semaine et reste à un niveau élevé en l'absence de traitement antirétroviral.
Pour ce qui est du taux normal de CD4, les auteurs ont, après analyse de la littérature, déterminé que l'objectif primaire de leur étude serait de mesurer, en fonction de la date d'initiation du traitement anti rétroviral par rapport à la date estimée d'infection, le taux de patients qui dépasseraient le seuil de 900 CD4 par mm3. Ils ont fixé un objectif secondaire à 800 CD4 par mm3.
Ils ont constitué, à partir de la cohorte de San Diego, deux groupes, l'un (213 participants) qui avait débuté un traitement négativant la charge virale, avant la date de quatre mois après la date estimée d'infection (c'est à dire dans la fenêtre de restauration immunitaire),l'autre (384 patients) qui avait commencé plus tard. Ils ont mesuré dans les deux groupes le taux de patients qui atteignaient les seuils primaire et secondaire de 900 et 800 CD4 par mm3 pendant la période d'étude (48 semaines). 64% des patients du groupe traitement précoce ont atteint le seuil primaire, contre 34% dans le groupe traitement tardif. Après ajustement sur le fait que le traitament fût initié alors que le le taux de CD4 était ou non supérieur à 500 par mm3, ils ont pu mesurer que la probabilité d'atteindre le seuil primaire dans les 48 semaines était de 65% inférieure (OR 0.35) si le traitement était débuté tardivement que s'il l'était précocément. Ces résultats sont indépendants du niveau de la charge virale à l'initiation du traitement.
Ces données démontrent que l'initiation du traitement ARV dans la fenêtre de restauration immunitaire, c'est à dire dans les quatre mois après la date de l'infection, permettent d'obtenir en 48 semaines des taux de CD4 significativement plus élevés qu'une initiation plus tardive du traitement, et un pourcentage plus élevé de patients ayant une immunité normale, c'est à dire plus de 900 CD4 par mm3. Néanmoins la définition du taux normal de CD4 repose sur des données purement statistiques observées dans la population non infectée par le VIH, et nous n'avons pas de donnée sur la fonctionnalité du taux de CD4: le pronostic vital est-il différent chez les personnes qui sont, sur le long terme, stabilisées par le traitement à 700 CD4 par mm3, de celles qui le sont à 1000 CD4 par mm3? En d'autres termes un initiation précoce du traitement permet un taux de CD4 final plus élevé et plus rapidement atteint qu'une initiation plus tardive, mais il n'est pas démontré que ce seuil de 900 CD4 par mm3 soit plus pertinent, en termes de santé ultérieure du patient, qu'un seuil plus bas.
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