DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse
antenne-relais des téléphones portables: quels risques lors d'une exposition intra utérine?
Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
Résumé de l'article
Introduction :
L’utilisation de téléphone portable a très fortement augmenté ces dernières années (presque 74 millions de connexions en Grande-Bretagne et plus de 4 milliards dans le monde en 2007).
Le rapport entre les cancers chez le jeune enfant et la proximité des bases relais de téléphones mobiles était jusque là difficile à établir dans les précédentes études à cause d’un faible nombre de sujets et/ou l’existence de nombreux biais.
L’objectif de cette étude est de rechercher un lien entre l’apparition de cancers chez le jeune enfant et l’exposition maternelle aux radiofréquences à proximité des bases relais de téléphones mobiles durant la grossesse.
Méthodes :
Il s’agit d’une étude cas-témoin, multicentrique (étude nationale sur toute la Grande Bretagne), rétrospective, concernant 1397 cas de cancers (tumeurs du système nerveux central et/ou leucémie et/ou lymphome non Hodgkinien) d’enfants (âgés de 0 à 4 ans) de 1999 à 2001, appariés à 5588 témoins pris au hasard dans le registre national des naissances Britannique (4 témoins par cas), ajustés selon le sexe et la date de naissance.
Les 4 principaux opérateurs nationaux de Grande-Bretagne ont fourni les données sur 76 890 bases relais.
Le « critère de jugement principal » est le risque de cancer chez le jeune enfant de 0 à 4 ans ajusté sur le niveau d’éducation, le niveau de pauvreté et la densité de population.
Trois paramètres d’exposition ont été enregistrés à la naissance (pour chaque cas et chaque témoin) : la distance avec la base relais (en m), la puissance totale émise dans un rayon de 700 m (en kW) et le rapport de puissance émise dans un rayon de 1400 m (en dBm).
Le risque de cancer a été analysé en classant tous les cas et les témoins selon chacun de ses 3 paramètres d’exposition.
Résultats :
La distance moyenne par rapport à la base relais est similaire pour les cas (1107 m) et les témoins (1073m), avec P = 0.31. De même pour la puissance totale émise dans un rayon de 700 m (2.89 kW pour les cas, 3 kW pour les témoins, P = 0.54) et pour le rapport de puissance émise dans un rayon de 1400 m (-30,3 dBm pour les cas, -29,7 dBm pour les témoins, P = 0.41).
Pour le rapport de puissance émise, comparé aux individus « les moins exposés », l’Odds Ratio ajusté était :
- Pour tous les cancers confondus (p = 0,79) :
- Chez les individus « moyennement exposés » : 1,01 (intervalle de confiance (IC) à 95% = [0,87-1,18])
- Chez les individus « les plus exposés » : 1,02 (IC à 95% = [0,88-1,20])
- Pour les cancers du système nerveux central (p = 0,33) :
- Chez les individus « moyennement exposés » : 0,97 (IC à 95% = [0,69-1,37])
- Chez les individus « les plus exposés » : 0,76 (IC à 95% = [0,51-1,12]
- Pour les leucémies et lymphomes non Hodgkiniens (p = 0,51) :
- Chez les individus « moyennement exposés » : 1,15 (IC à 95% = [0,90-1,48])
- Chez les individus « les plus exposés » : 1,03 (IC à 95% = [0,79-1,34])
Conclusion :
Il n’y a pas d’association entre l’exposition maternelle aux base-relais de téléphones portables durant la grossesse et la survenue précoce de cancers chez le jeune enfant.
Commentaire
- Points forts :
- Etude avec un échantillon de très grande taille, à l’échelle nationale
- Contrairement aux précédentes études, évaluation du risque en fonction de la puissance totale émise et de le rapport de puissance émise (en plus de la simple distance « base relais – lieu de naissance »)
- Points faibles :
- Etude Britannique (=> résultats a priori non extrapolables en France, car opérateurs et base-relais différents)
- Critère de jugement principal non explicitement mentionné dans l’article
- Etude focalisée sur les enfants de 0-4 ans (donc non prise en compte des maladies d’apparition plus tardive)
- Etude rétrospective avec un biais de mesure lié à l’impossibilité de prendre en compte :
- les déménagements (entrainant des modifications d’exposition) durant la grossesse
- l’atténuation des ondes électromagnétiques par le lieu d’habitation lui-même
- la présence d’autres appareils électromagnétiques à proximité des patientes (télévision….)
Commentaires du groupe de revue de presse :
- Etude a priori de fort niveau de preuve avec un échantillon effectivement très large
- financeur = UK Mobile Telecommunications Health Research (MTHR) = institution nationale du Royaume Uni officiellement indépendante MAIS co-financée par l’industrie de la télécommunication mobile.
- Le problème est qu’il est difficile de savoir si cette industrie co-finance l’institution nationale de manière « obligatoire » ou si elle le fait de manière plus ou moins intéressée.
- auteur du résumé:David Andriamasindray (Etudiant(e) au DMG PARIS DIDEROT)
- date de rédaction:18/01/2012
- date de validation:18/01/2012
- Mots cles:
- téléphone cellulaire
- cancer
- exposition
- prévention
- antenne-relais
Ce site respecte les principes de la charte HONcode.
Site certifié en partenariat avec la Haute Autorité de Santé (HAS).
Vérifiez ici.
