Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
L’anémie ferriprive est définie par une anémie (hémoglobinémie < 12 g/dl) hypochrome microcytaire associée à une ferritinémie inférieure à 12 µg/l.
Pendant la grossesse, du fait de l’hémodilution, l’anémie est définie par une hémoglobinémie inférieure à 11 g/dl aux 1er et 3ème trimestres, et inférieure à 10,5 g/dl au 2ème trimestre. Son dépistage est important car elle est associée à une augmentation de la fréquence de la prématurité, de l’hypotrophie, de la mortalité infantile et maternelle, et des infections.
En Iran, un essai randomisé, en double aveugle versus placebo, a été réalisé afin d’observer les conséquences d’une supplémentation systématique en fer pendant la grossesse. 750 femmes âgées de 17 à 35 ans, sans antécédents, non fumeuses, ayant toutes une hémoglobinémie supérieure à 13,2 g/dl ont été inclues et réparties en deux groupes, le 1er groupe prenant 50 mg de fer par jour dès le début du 2ème trimestre, et le 2ème groupe prenant un placebo. A noter que la posologie en fer habituelle en prévention d’une carence martiale est de 60 à 120 mg/jour. Les patientes ont été suivies jusqu’à la sixième semaine du post-partum.
Dans le groupe supplémenté en fer, on a observé une augmentation du nombre de femmes présentant une HTA (2,7% versus 0,8%, p = 0,05), et du nombre d’enfants hypotrophes (15,7% versus 10,3%, p = 0,035).
Un autre essai randomisé réalisé au Mexique a comparé l’hémoglobinémie et le devenir des grossesses de 120 femmes enceintes. Les femmes avaient toutes une hémoglobinémie supérieure à 11,5 g/dl à 20 SA. Elles ont été réparties en deux groupes, le 1er recevant 60 mg de fer par jour, et le 2nd 120 mg de fer par semaine. A 28 SA, 6 femmes du 1er groupe et 1 femme du 2ème groupe ont eu une hémoglobinémie supérieure à 14,5 g/dl. Parmi celles-ci, 2 nouveau-nés ont été hypotrophes et 3 sont nés prématurément. Pour les autres femmes, on a observé 5 cas d’hypotrophie et 6 cas de prématurité. Au total, chez les nouveau-nés de mères ayant une hémoglobinémie élevée, le risque relatif d’hypotrophie était de 6,23 (IC 95%), et celui de prématurité de 7,78 (IC 95%).
Une 3ème étude, rétrospective, réalisée aux Etats-Unis, portant sur 173 031 femmes a démontré les mêmes liens entre une hémoglobinémie maternelle élevée et le risque d’hypotrophie. En effet, les mères ayant une hémoglobinémie supérieure à 14,9 g/dl à 12 SA et supérieure à 14,4 g/dl à 18 SA ont donné naissance respectivement 1,27 fois et 1,79 fois plus souvent à des enfants hypotrophes.
Ces phénomènes seraient dus au fait qu’une hémoglobinémie élevée favoriserait la survenue d’infarctus placentaires entraînant une réduction de la perfusion placentaire et un retentissement sur la croissance fœtale.
En pratique, devant les risques liés à un excès d’apport en fer, la prévention de la carence martiale pendant la grossesse passe d’abord par une alimentation équilibrée. Lorsqu’elle est dépistée, son traitement et sa correction doivent être suivis de près.
Un article de synthèse , sur un sujet prévalent en médecine générale.
Il apparait que le mieux est l´ennemi du bien.Nous pouvons argumenter aujourd´hui de la nocivité du trop , lié au toujours plus de certain(e) de nos contemporains.
Si le sujet est bien traité, il est possible de s´interroger sur l´essai mexicain dont les modalités de dosage entre les deux branches paraissent sont pour le moins subtiles : interet de 10 mg de fer par jour ?Argumentaire pour ce dosage ?
L´article reste une référence sur le sujet.
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