Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
Les discussions à propos du changement occupent une place importante en médecine générale. (alcool, tabac, régime, traitement au long cours…)
Les soignants utilisent souvent une approche directive (« directing style ») qui entraîne passivité, résistance, culpabilité de la part du patient, et fait perdre du temps à cause de discussions stériles.
L’entretien motivationnel est une autre approche, qualifiée de « guiding style » en anglais, dans laquelle le médecin joue plutôt le rôle d’un guide que d’un chef. Cette approche permet une meilleure relation médecin-malade et a prouvé récemment son efficacité dans une revue systématique incluant 72 études. (dans 80% des études, l’entretien motivationnel était plus efficace qu’un conseil classique) Quand elle est bien maîtrisée, elle permet un gain de temps considérable.
Il faut respecter quelques principes :
-le patient et le médecin travaillent en collaboration
-le médecin doit bien souligner que la prise de décision vient du patient
-le médecin doit susciter la motivation à changer chez le patient
Cependant, le médecin garde quand même un rôle actif en gardant le contrôle sur le cours de la conversation, et en fournissant les informations nécessaires.
Pour montrer que la capacité du patient à prendre sa décision est respectée, il faut alternativement :
-questionner : sur les raisons du changement et les moyens envisagés
-écouter : tout en montrant de l’empathie, et en faisant de brefs résumés pour mettre les idées au clair et encourager le patient à parler
-informer, après avoir demandé au patient quelles informations l’intéressent.
Souvent le patient doit effectuer plusieurs changements dans son mode de vie. Il faut alors l’ inviter à choisir lui-même le problème dont il veut s’occuper en priorité. Le médecin est libre d’exprimer son point de vue, sans toutefois l’imposer.
Le patient est souvent ambivalent par rapport au changement. Il faut l’encourager à lister les points positifs et les points négatifs que le changement entraînerait puis lui demander si ce changement lui paraît possible ou non.
Cette étape est essentielle pour cibler les points sur lequel il faut passer du temps.
Avant d’informer le patient, il faut l’interroger sur ce qu’il sait déjà et sur les informations attendues. Après l’information, il faut l’encourager à réfléchir sur les implications personnelles que cela pourrait entraîner.
Les objectifs et les solutions pratiques envisagées doivent venir du patient et non pas du médecin.
Le médecin doit être attentif au discours du patient. De façon schématique, le patient parle ou bien de changement (« change talk »), des raisons et des manières d’envisager ce changement, ou bien à l’opposé reste dans un discours niant la possibilité de ce changement.
Il faut alors susciter le « parler changement » chez le patient, par les techniques et les questions abordées dans l’étape 2.
Une méta-analyse récente de 119 études a conclu que ce « parler changement » exerce un effet positif sur une grande variété de problèmes (par exemple l’alcoolo-dépendance), mais pas dans tous.
La difficulté principale est de changer d’approche et d’attitude vis-à-vis du patient. Il faut apprendre à laisser le patient trouver ses propres motivations et ses propres solutions et arrêter de vouloir régler au plus vite le problème en lui « prescrivant un changement ».
L’autre difficulté est celle du temps d’apprentissage. En effet, cette technique nécessite de l’entraînement, une supervision et un feed-back sur l’expérience auprès des patients.
L’entretien motivationnel n’est pas une méthode rigide, avec des techniques visant à manipuler le patient pour lui faire faire ce qu’il ne veut pas faire. C’est une approche souple, basée sur la coopération avec le patient et visant à stimuler sa volonté à changer.
Elle peut être utilisée dans n’importe quelle consultation sur le changement et les preuves de son efficacité sont de plus en plus nombreuses.
L’idée qu’on se fait de l’entretien motivationnel est celle d’une méthode employée pour les addictions par des psychologues ou des psychiatres.
Cet article est intéressant parce qu’il élargit le champ de l’entretien motivationnel à tous les médecins, en particulier aux médecins généralistes qui sont particulièrement concernés par les questions d’observance, d’éducation thérapeutique, de prévention…
Il permet une très bonne sensibilisation à cette approche, simple, en 3 étapes, mais n’insiste pas assez sur la nécessité d’une formation spécifique et n’indique pas quelles sont les possibilités de se former.
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