Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
Le Haut conseil de santé publique français recommande toujours en 2012 de vacciner contre la grippe les femmes enceintes et les personnes ayant un IMC supérieur ou égal à 40. Avant 2009, on notait déjà une augmentation des complications de la grippe chez les femmes enceintes, surtout au cours du 3è trimestre de grossesse. En ce qui concerne des personnes obèses avec IMC>40, une étude canadienne conduite entre 1996 et 2008 a montré une fréquence accrue des hospitalisations chez ces personnes par rapport aux personnes de poids normal.
En France, en hiver 2009/2010, lors de l’épidémie de grippe A/H1N1v, 5% des hospitalisations en réanimations et 1% des morts liées à la grippe H1N1v étaient des femmes enceintes. Hors les femmes enceintes représentaient 1% de la population générale. Donc il y a eu plus d’hospitalisations chez les femmes enceintes au 3è trimestre que dans la population générale, et peu de morts maternelles. Sur les 3 femmes enceintes mortes de cette grippe, une seule n’avait pas d’autre facteur de risque de complication de la grippe. En 2009 aux Etats-Unis, 12% des personnes mortes de la grippe A/H1N1v étaient des personnes obèses (sans autres facteurs de risque de complication de la grippe), alors que ces personnes obèses représentent 5% de la population générale, donc le risque de décès est accru en cas d’obésité morbide.
Une étude britannique a montré que la mortalité périnatale chez les enfants de mères hospitalisées pour une grippe H1N1v au cours de la grossesse a été plus élevée que chez les autres femmes enceintes (4% versus 1%) et le risque d’accouchement très prématuré aussi (7% versus 1%). Il faut noter que la circulation du virus A/H1N1v a nettement diminué entre 2009 et 2011 : 97% des cas de grippe en Europe en 2009/2010 et seulement 3% en 2011/2012.
L’évaluation de la vaccination anti-grippale chez les femmes enceintes et les personnes obèses est limitée. Nous savons que cette vaccination réduit modérément le risque de grippe. Ce vaccin est aussi immunogène chez la femme enceinte que dans la population générale, mais un peu moins immunogène chez les personnes obèses. Selon une étude réalisée au Bangladesh et une autre étude aux Etats-Unis (avant l’émergence du virus A/H1N1v), la vaccination des femmes enceintes réduit le risque de grippe chez leurs nourrissons ; il n’y a pas de résultats sur la réduction des complications de la grippe.
Aucune évaluation de l’efficacité préventive des vaccins contenant la valence A/H1N1v chez les femmes enceintes, ni chez les personnes obèses existe actuellement. Certes, les effets indésirables du vaccin anti-grippal semblent identiques chez les femmes enceintes comme dans la population générale :ils sont généralementbénins. Le vaccin actuel ne contient pas de virus vivant, ni d’adjuvant lipidique et ne contient plus de dérivé mercuriel. Il n’y a pas d’évaluation des effets indésirables du vaccin chez les personnes obèses.
Les risques d’hospitalisations et de complications graves de la grippe A/H1N1v sont réels chez les femmes enceintes et les personnes obèses. Cependant, lors de l’épidémie de cette souche, les complications graves ont été rares (y compris pour les nouveau nés). Selon la revue Prescrire, la vaccination est d’une efficacité modérée : la décision de vacciner ou non les femmes enceintes et les personnes obèses est à discuter avec eux, après les avoir informé. En pratique, mieux vaut vacciner surtout les patients qui présentent d’autres facteurs de risque de complication de la grippe.
Il était acquis depuis longtemps que les personnes âgées et les personnes ayant une pathologie à risque de complications graves de la grippe devaient être vaccinées. Pour les femmes enceintes et les personnes obèses avec un IMC supérieur à 40, ce n'était pas encore très clair. Cet article montre que les complications de la grippe sont plus fréquentes dans ces deux populations, mais que ce n'est pas pour autant qu'il faut les vacciner, car ces complications sont rares, et que le vaccin n'a pas une efficacité de 100%.
Il conviendrait donc, de laisser le choix aux femmes enceintes et aux personnes obèses de se faire vacciner ou non. A la lumière des études citées dans l’article, la revue Prescrire incite plutôt à ne pas les vacciner, mais compte tenu des complications, certes faiblement accrues, chez les femmes enceintes, leurs nouveau-nés et les personnes obèses, nous pourrions aussi interpréter différemment ces données et décider de les vacciner systématiquement, sachant que le vaccin évite peut être quelques hospitalisations en réanimation, et que les effets indésirables du vaccin sont bénins. Par ailleurs, les études décrites dans cet article portent surtout sur l'épidémie de grippe H1N1, il aurait été intéressant d'avoir plus d'informations sur les autres souches de grippe.
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