DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Désir sexuel féminin et ménopause: les androgènes sont efficaces et peut-être dangereux...

Davis SR, Moreau M, Kroll R, et al. Testosterone for Low Libido in Postmenopausal Women Not Taking Estrogen N Engl J Med 2008 359: 2005-2017



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

Contexte

Plusieurs essais ont montré une efficacité des patches de testostérone pour le traitement des troubles de la libido chez la femme ménopausée sous traitement oestroprogestatif de substitution. Nous ne disposions pas encore d’essai concernant la femme ménopausée non traitée

Méthode

L’essai publié ici est en double aveugle contre placebo. 814 femmes ménopausées présentant une diminution de la libido ont été incluses. Deux groupes ont été constitués, l’un recevant 150 µg de testostérone, l’autre 300 µg (en patches). Les données d’efficacité ont été recueillies à 24 semaines, les données de tolérance ont été recueillies jusqu’à 52 semaines. Un sous-groupe de participantes a été suivi une année supplémentaires.

Le critère principal d’évaluation était la fréquence des épisodes sexuels satisfaisants sur les quatre dernières semaines, l’évaluation étant faite à 24 semaines.

Résultats

Une augmentation significative de la fréquence des épisodes sexuels satisfaisants a été observée dans le groupe recevant 300 µg par rapport au placebo (+2,1 épisodes satisfaisants vs +0,7 épisodes satisfaisants, p<0,001), mais pas dans le groupe recevant 150 µg. L’augmentation du désir était dans les deux groupes significative par rapport au placebo, ainsi que la diminution de la souffrance globale.

Un effet androgénique a été observé, significatif par rapport au placebo, à la dose de 300 µg : l’augmentation de la pilosité (20% contre 10,5% sous placebo, ce qui n’a pas entraîné de réduction de l’observance), non retrouvé pour 150 µg). Les autres effets androgéniques (acné, alopécie, voix rauque) ne diffèrent pas entre les groupes traités et placebo (inférieurs à 8%).

Le problème majeur, dont il est impossible de dire s’il est du au traitement, est la survenue de quatre cancers du sein dans les groupes traités, contre aucun dans les groupes placebo. L’un de ces cancers s’est avéré rétrospectivement symptomatique dans la période précédant la randomisation. L’un de ces cancers a été signalé dans les trois mois suivants la fin de l’extension du suivi.


Commentaire

Au stade actuel, il est tout à fait déraisonnable d’envisager l’utilisation de ces traitements en médecine de soins primaires.

Les quatre spécialités contenant de la testostérone disponibles actuellement en France (ANDROGEL, FORTIGEL, TESTOPATCH) n’ont d’indication que dans les hypogonadismes masculins, sont beaucoup plus fortement dosés, et sont des médicaments à dispensation particulière dont la primo prescription est réservée à certaines spécialités (urologues, endocrinologues, gynécologues, l’ouverture à des gynécologues de la primo prescription de médicaments réservés aux hommes laisse d’ailleurs rêveur…).

La survenue de quatre cancers du sein dans les groupes traités, dont trois au moins n’étaient pas détectables avant l’étude, impose évidemment la plus grande vigilance dans l’analyse des résultats des études ultérieures. Il est clair également qu’aucune conclusion sur l’utilisation de ce type de produit ne devra être tirée, sans un suivi post thérapeutique prolongé, les effets carcinologiques des traitements hormonaux pouvant être différés.


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