Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
A l’approche de l’été, il est important de savoir quelle est la meilleure stratégie pour ne pas reprendre de poids après un régime.
Pour répondre à cette épineuse question, les auteurs évaluent l’efficacité de quatre « après-régimes » par une étude randomisée, multicentrique, avec un plan factoriel 2x2. Les 4 "après régimes" testés sont :
- Régime à base d’aliments à index glycémique élevé et riches en protéines (25% des apports énergétiques quotidiens)
- Régime à base d’aliments à index glycémique faible et riches en protéines (25% des apports énergétiques quotidiens)
- Régime à base d’aliments à index glycémique élevé et pauvres en protéines (13% des apports énergétiques quotidiens)
- Régime à base d’aliments à index glycémique élevé et pauvres en protéines (13% des apports énergétiques quotidiens)
- Un groupe « témoin » ne recevant pas d’indications particulières sur l’index glycémique des aliments et ayant un apport modéré en protéines.
L’ensemble des groupes consomme une quantité modérée de graisses (25% à 30% des apports quotidiens). Les participants n’ont pas de restrictions de quantité ingérées.
Le critère de jugement principal est la perte de poids. Les autres critères de jugement sont la proportion de patients ayant maintenu une perte de poids >10% de leur poids initial, et la modification de leur composition corporelle évaluée par DEXA après 26 semaines d’intervention.
L’unité de randomisation est la famille. Les familles dont l’un ou les deux parents sont en surpoids ou obèse et dont au moins un enfant est en surpoids sont éligibles. A leur inclusion dans l’étude, ces familles suivent un régime hypocalorique pendant 8 semaines (3.3MJ/j). Seules les familles dont le parent en surpoids ou obèse a perdu au moins 8% de son poids initial sont randomisées dans l'un des quatre bras.
Les familles randomisées sont suivies régulièrement tout au long de l’intervention avec un suivi hebdomadaire par une diététicienne. Dans deux villes (Maastricht et Copenhague) les familles reçoivent en plus des aliments correspondant à leur « après régime » gratuitement.
Lors de l’analyse en intention de traiter, les données manquantes des patients sortis prématurément de l’étude sont considérées comme « missing at random » et imputées selon les autres données disponibles. Une analyse de sensibilité ou les patients sortant prématurément de l’étude gagnent 1 kg par mois est rapportée.
1209 patients sont enrôlés et 773 sont randomisés (150 au bras « pauvre en protéine, index glycémique faible », 155 dans le bras « pauvre en protéines, index glycémique élevé », 159 dans le bras « riche en protéines, index glycémique faible », 155 dans le bras « riche en protéine, index glycémique élevé » et 154 dans le bras témoin).
En ce qui concerne le poids des patients, le gain de poids entre la randomisation (après le régime) et la fin de l’intervention (26 semaines après) est en moyenne de 0.33 kg dans le bras pauvre en protéine et index glycémique faible, 1.67 kg dans le bras pauvre en protéine et index glycémique élevé, -0.38kg dans le bras riche en protéines et index glycémique élevé, 0.57kg dans le bras riche en protéines et index glycémique faible, 0.84kg dans le bras « témoin ».
Le regain de poids après le régime était moindre dans les groupes avec un régime riche en protéines (-0.93kg IC95% [0.31, 1.55]) et dans les groupes avec un régime à base d’aliments à index glycémiques faible (-0.95kg IC95% [0.33, - 1.57]). Les résultats sont similaires lors de leur analyse de sensibilité.
Une étude amusante, bien que parfois complexe sur le plan de la méthode.
Tout d´abord, l’unité de randomisation choisie est la famille (par soucis de commodité, nous imaginons bien qu’il serait impossible que deux membres d’une même famille aient des régimes différents). Cependant, la corrélation des patients intra cluster n’est pas prise en compte et la notion de cluster semble oubliée dès lors que la randomisation est finie !
Ensuite, le calcul du nombre de patients a été réalisé pour un plan factoriel 2x2, alors qu’ici 5 groupes sont déterminés. Déjà que la méthode calcul du nombre de patients nécessaire est discutable –et discutée- dans un plan factoriel, l’ajout d’un cinquième groupe rend assez floue la précision de leurs résultats. Quelle est la puissance statistique de leurs tests ?
Par ailleurs, les interventions semble mal standardisée entre les différents centres (certains ne recevaient que des conseils, d'autres avaient des aliments gratuits en plus...). Bien que je ne pense pas que cela ait pu changer radicalement les résultats obtenus, n'aurait-il pas simplement fallu se contenter des conseils pour avoir des interventions plus ou moins homogènes ?
Finalement, le choix du critère de jugement principal n’est peut être pas le plus pertinent. En effet, les patients reprennent du poids au décours de leur régime et il est complexe de comparer le gain de poids entre différents groupes tout en tenant compte du fait qu’ils auraient néanmoins regagné du poids sans intervention.
Au final, je pense que ces différents points de détail n’entachent en rien la portée de l’étude et la nécessité de continuer à conseiller les patients même après la fin de leur régime. Mais si les contraintes alimentaires persistent même après la fin du régime, n´est-ce pas là le régime qui continue ? « Quand s’arrête réellement le régime ? »
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